COVID-19 – Quelques chiffres qui en disent long

Le 11 avril 2020 est la date à laquelle le service de santé français constate un infléchissement de la courbe représentative de la mortalité liée à l’épidémie. Il est temps d’aligner les chiffres (pour autant qu’ils soient sincères, justes, et représentatifs des mêmes paramètres) pour en tirer quelques enseignements.

Les données analysées sont issues du site du Journal des Femmes Santé 

 Evolution mondiale dans les 17 pays les plus touchés.

 Le premier tableau liste les 17 pays les plus touchés par la pandémie. Les quatre premières colonnes sont les données fournies et mises à jour quotidiennement par le magazine. Les autres résultent d’une compilation de ces données pour obtenir des ratios qui permettent de comparer l’impact du virus sur chaque pays et la capacité de ce dernier à soigner les patients concernés.

C’est ainsi que l’on peut constater qu’en terme de mortalité, au regard du nombre d’habitants, la France arrive au 4ème rang des pays les plus touchés, derrière l’Espagne, l’Italie et la Belgique alors qu’elle est au 10ème rang en termes de contamination.

Par ailleurs, une comparaison entre le nombre de personnes contaminées et le nombre de morts peut donner une indication sur les performances du système de soins mis en œuvre. Sur ce point, c’est le Canada qui affiche les meilleurs résultats ; moins de 2% des cas confirmés conduisent à la mort. La Corée du sud et la Turquie sont à un peu plus de 2%. La France est bonne dernière avec une mortalité qui représente près de 15% du nombre de cas confirmés. Comme dit Agnès, infirmière à Corbeil, interrogée au 20h de France 2 le12/04 ,: « on fait au mieux avec ce qu’on a ! ».

La France par département.  

 Le deuxième tableau fait apparaître le classement des 50 départements les plus touchés. La encore, les données fournies par le magazine ne concernent que la mortalité. Il est donc nécessaire de combiner ces résultats avec le niveau de population pour obtenir une proportionnalité et, éventuellement, en déduire des risques de propagation liés à la concentration humaine ou à la proximité d’autres sources d’infection moins évidentes.

Les départements qui présentent la mortalité la plus élevée pour 100 000 habitants sont le Haut-Rhin et le Territoire de Belfort probablement impactés par la proximité de la Suisse, au 2ème rang en termes de contamination, et de l’Allemagne au 4ème. Les victimes auraient sans doute eu plus de chance en passant la frontière nord. Si l’Allemagne est au 4ème rang sur 17 en termes d’efficacité du service, la Suisse est au 9ème. A noter que Paris, où le taux de mortalité est le plus important du secteur d’Ile de France, reste inférieur de 36% environ au taux de mortalité du Grand Est.

Le premier département éloigné de ce secteur de France très impacté est curieusement la Corse du Sud, qui, avec un taux de mortalité de 21% environ dépasse largement celui de la haute Corse (1.69%) pour des raisons difficiles à comprendre. Le secteur de Bastia est beaucoup plus proche du foyer italien (par le port de Livourne) que celui d’Ajaccio, plus tourné vers PACA où l’épidémie sévit beaucoup moins. Ceci dit, le port de Gènes peut tout à fait drainer les flux de voyageurs issus de l’Italie du Nord vers l’un ou l’autre des ports de l’ile de beauté. Les 6 évangélistes revenant de Moselle sont probablement à l’origine de ce décalage.  

Parmi les départements à forte densité de population, la région Provençale est curieusement peu touchée. Elle occupe le bas du tableau avec les Bouches du Rhône au 32ème rang avec moins de 10 morts pour 100 000 habitants. L’Italie n’est pourtant pas loin, mais il faut admettre que les flux se font plus dans le sens France/Italie que le contraire. Par ailleurs, l’effet Raoult aurait-il joué ?

Le troisième tableau a pour but de confirmer que les secteurs les plus touchés sont globalement, les plus denses en population. L’Ile de France arrive largement en tête avec des taux très supérieurs au reste du pays (y compris le Grand Est): entre 2 et 8 morts au km² alors que le reste du pays est largement inférieur à 1. Ce constat est révélateur d’un manque de vision des élus qui n’ont pas adapté les structures de santé à la réalité géographique et démographique des lieux.

Le dernier tableau classe les départements par densité de population. Il semble évident qu’au-delà des risques de prolifération du virus dans les zones plus denses (hors Grand Est et Corse du sud), les patients ont été mieux pris en charge dans les zones moins denses en raison du nombre d’hôpitaux conservés grâce aux batailles d’usagers et d’élus locaux pour maintenir les services à des distances raisonnables des patients.  

 Conclusion

 Comme précisé dans le chapeau de ce billet, les chiffres publiés dans le magazine sont des chiffres officiels. Il demeure qu’ils doivent être appréciés avec une certaine prudence. Par exemple, le seul fait de promouvoir une politique de tests comme l’ont fait les coréens du sud, sur un large échantillon de population, a pour effet de réduire le pourcentage de mortalité (Morts/cas). Les personnes asymptomatiques apparaissent dans le nombre de cas confirmés et si le nombre de cas augmente, le pourcentage baisse. Dans une large majorité de pays, les tests n’ont pas été généralisés, faute de produits. Seules les personnes hospitalisées ont été testées. Le ratio Morts/cas confirmé augmente donc considérablement par rapport à celui de la Corée qui teste beaucoup plus. Ce qu’il faut retenir de ces chiffres ce sont des tendances. Manifestement, on voit bien qu’elles ne sont pas favorables à la politique de santé publique que notre gouvernement a mise en place … contre vents et marées.