COVID – Classement de 30 pays en fonction de leur taux de mortalité.

Pas facile de comparer ce qui est, à priori, peu comparable. Mais en cherchant bien, on arrive quand même à faire apparaître des situations dont on parle peu mais qui sont quelques fois surprenantes.

Notes explicatives :

Les données « Covid » transcrites sur les courbes ci-après sont issues du site de l’université  John Hopkins (USA)  qui, comme la plupart des organismes chargés de tenir des statistiques reçoivent quotidiennement les chiffres transmis par les hôpitaux de la planète. Tous les décès n’ont pas forcément lieu dans les hôpitaux, mais à en juger par les tendances révélées par les courbes, il n’y a pas de « décrochage » significatif dans l’évolution de la mortalité dans les différents pays. Globalement, les courbes de mortalité suivent les cadences de réactivation du virus avec plus ou moins d’amplitude suivant les périodes.

Les données démographiques sont ici . 

Pour ce qui concerne la vaccination, les courbes représentent l’évolution du nombre de personnes vaccinées. Sur une majorité de tracés, le nombre de doses a été divisé par 2 000. On retrouve donc le nombre de vaccinés par semaine sur l’échelle de gauche en multipliant le chiffre correspondant par 1 000 (2 doses pour 1 vacciné). Pour une meilleure lisibilité, pour certains pays qui vaccinent peu, le nombre de doses est divisé par un chiffre moins grand (200 pour la Bulgarie par exemple) pour avoir la correspondance sur l’échelle en multipliant par 100.  Toujours dans le but d’adapter l’échelle de gauche aux cadences de vaccination, il a été nécessaire de changer le multiplicateur pour certains pays, à forte mortalité relative (différente du taux de mortalité).

Les courbes de vaccination sont à rapprocher du taux global indiqué sous les graphes. Elles apportent une indication sur les périodes auxquelles ont eu lieu les injections et permettent ainsi de juger de l’efficacité des campagnes. L’incidence de la 3ème dose sur les courbes qui représentent les personnes totalement vaccinées a été négligée (nombre de doses/2 = 1 personne vaccinée).

Dix mois de pandémie en 2020 et dix mois en 2021 : 30 pays classés par niveau de mortalité covid (du plus petit au plus grand) choisis pour différentes raisons. Soit parce qu’ils sont représentatifs des différents continents, soit parce qu’ils appartiennent à l’union européenne, soit parce qu’on en a parlé ou qu’on en parle encore, soit parce qu’ils ont des particularités qui font qu’on en parle peu.  Bref, ils sont représentatifs et permettent des analyses de situations quelques fois surprenantes.

COMMENTAIRES

Première constatation : les pays qui maîtrisent le mieux la pandémie ne sont pas forcément ceux qui en ont les moyens (en termes de « puissance économique »). Outre l’Australie, qui a mis en œuvre une stratégie comparable à la Chine dès 2020, ceux de l’Afrique du Nord (excepté la Tunisie) présentent des taux de mortalité très faibles comparés à ceux de l’Europe. Mais il est nécessaire de compléter ces éléments en intégrant le taux de vulnérabilité au virus des populations concernées (globalement, les plus de 64 ans). Ce sera l’objectif de l’analyse ci-après.     

Deuxièmement, les courbes de mortalité ont des caractéristiques indépendantes du taux de vaccination. Si pour les Seychelles, les deux courbes (mortalité et vaccination) suivent des tracés qui tendraient à laisser penser que lorsque la vaccination s’arrête l’épidémie reprend, c’est bien l’inverse qui se produit dans une grande majorité de pays : la vaccination reprend lorsque le virus se réactive. Sur les 30 pays analysés, 19 ont des taux de mortalité en 2021 (année de vaccination) supérieurs à ceux de 2020. L’exemple le plus marquant est celui des Seychelles qui n’a pas de décès covid en 2020 et qui voit la pandémie arriver un mois après les premières doses.   

Troisième constat : ce sont majoritairement les pays qui se sont lancés dans la vaccination comme seul moyen de lutte qui affichent les résultats les plus médiocres, voire mauvais, comme les USA qui ont un taux de mortalité qui dépasse 20 décès pour 10 000 habitants comme  un bon nombre de pays qui n’ont pas les mêmes moyens. De plus, malgré une campagne de vaccination intense, ces pays affichent un rebond de mortalité en août ou septembre 2021, preuve que son influence sur le virus n’est pas démontrée.   

Quatrième remarque : les pays du Moyen Orient ont des taux de mortalité relativement faibles. Les taux de vaccination y sont élevés. Toutefois, les résultats de l’Egypte qui ne vaccine pratiquement pas sont de nature à éliminer la relation de cause à effet que l’on serait tenté de faire. D’autant que l’exemple de la Tunisie confirme que le virus y est aussi actif dans ce secteur que dans les autres parties de la planète.

Enfin, il est assez surprenant d’entendre sur les ondes ou les réseaux les affirmations selon lesquelles certains pays (comme le Brésil) n’auraient pas fait le nécessaire pour protéger leur population. On oublie un peu facilement les USA (dont le taux de mortalité n’est pas très éloigné) et surtout certain pays de l’Est de l’Union Européenne qui connaissent, au 3ème trimestre 2021, des situations dramatiques.

ANALYSE

Le taux de mortalité étant grandement lié aux comorbidités, il est nécessaire d’intégrer dans ce classement l’incidence de la démographie des pays, notamment au regard de la classe d’âge la plus vulnérable. Les autres paramètres (mode de vie et d’alimentation, notamment) étant trop variables et globalement peu significatifs pour influer sur le résultat. Si la population de certains pays présente des comorbidités liées à une alimentation trop riche, d’autres, en revanche, ont plus de risque de contracter la maladie en vivant dans des conditions sanitaires plus dégradées. Par ailleurs, si le risque de diffusion du virus est plus élevé en maisons de retraite, il n’est pas forcément moins important dans les foyers familiaux où règne la promiscuité. Un article de l’institut Pasteur du 3 novembre 2020 rappelle les difficultés à établir un comparatif entre pays où les conditions de vie ne sont pas les mêmes. Mais depuis, les données sur la mortalité ont confirmé que ce sont bien « les vieux » qui, majoritairement en sont les victimes et forcément les plus sollicités pour se faire vacciner.  Un article de Radio Canada est un des rares à tenter de faire le point sur la question. Ici, il est indiqué qu’une étude chinoise a établi des taux de contamination et mortalité dont on peut déduire que les décès chez les personnes âgées de plus de 64 ans interviennent dans près de 83% des cas.

Mais le but recherché dans ce billet est un peu différent. Il s’agit d’établir l’impact de la vaccination sur la mortalité.

Si on considère que la majorité des décès intervient sur la population de plus de 64 ans (8% en France pour la tranche 45/64 ans), en reportant le nombre de morts en totalité sur la part de population « vulnérable » (calculée sur la base des données démographiques), le classement pour l’année 2021 devient le suivant :

1- l’Australie reste à la première place avec un taux de mortalité de personnes vulnérables de 2 pour 10 000 (vaccination : 68%)

2- Le Japon prend la 2ème place avec un taux de mortalité de 4 pour 10 000 (vaccination : 75%).

3- Le Danemark avec un taux de mortalité de 13.5 pour 10 000 (vaccination : 76%).

4- L’Egypte avec un taux de mortalité de 20 pour 10 000 (vaccination : 12%).

5- Le Canada avec un taux de mortalité de 20.2 pour 10 000 (vaccination : 77%).

6- Les Pays-Bas avec un taux de mortalité de 23 pour 10 000 (vaccination : 70%).

7- Le Maroc avec un taux de mortalité de 26.8 pour 10 000 (vaccination : 63%).

8- Le Sénégal avec un taux de mortalité de 28 pour 10 000 (vaccination : 6%).

9- La Belgique avec un taux de mortalité de 30.5 pour 10 000 (vaccination : 75%).

10- Malte avec un taux de mortalité de 30. 6 pour 10 000 (vaccination : 98.6%).

11- L’Autriche avec un taux de mortalité de 32 pour 10 000 (vaccination : 64%).

12- La Suède avec un taux de mortalité de 33.5 pour 10 000 (vaccination : 71%).

13- L’Inde avec un taux de mortalité de 34 pour 10 000 (vaccination : 37%).

14- L’Allemagne avec un taux de mortalité de 36 pour 10 000 (vaccination : 67%).

15- La France avec un taux de mortalité de 39.6 pour 10 000 (vaccination : 74%).

16- Monaco avec un taux de mortalité de 40.23 pour 10 000 (vaccination : 64%).

17- L’Espagne avec un taux de mortalité de 41 pour 10 000 (vaccination : 77%).

18- L’Italie avec un taux de mortalité de 43 pour 10 000 (vaccination : 74%).

19- Andorre avec un taux de mortalité de 44.95 pour 10 000 (vaccination : 67%).

20- L’Irlande avec un taux de mortalité de 44.96 pour 10 000 (vaccination : 73%).

21- Israël avec un taux de mortalité de 45 pour 10 000 (vaccination : 91%).

22- Le Portugal avec un taux de mortalité de 51 pour 10 000 (vaccination : 79.5%).

23- Le Royaume Unis avec un taux de mortalité de 56 pour 10 000 (vaccination : 76%).

24- Les USA avec un taux de mortalité de 73 pour 10 000 (vaccination : 63%).

25- La Russie avec un taux de mortalité de 79.5 pour 10 000 (vaccination : 35%).

26- La Bulgarie avec un taux de mortalité de 111 pour 10 000 (vaccination : 20%).

27- Les Emirats Arabes Unis avec un taux de mortalité de 117 pour 10 000 (vaccination:« 106% »).

28- Les Seychelles avec un taux de mortalité de 145 pour 10 000 (vaccination : 84%).

29- Le Brésil avec un taux de mortalité de 177 pour 10 000 (vaccination : 64%).

30- La Tunisie avec un taux de mortalité de 195 pour 10 000 (vaccination : 38%).

Les surprises :

Les Pays-Bas et le Danemark se placent parmi les pays européens les plus performants en termes de protection des plus âgés bien que les taux de vaccination ne soient pas plus élevés que dans le reste de l’Union.

Les pays d’Afrique du Nord (hors Tunisie) se maintiennent dans les 10 pays les plus performants alors que la pyramide des âges crée un effet défavorable sur le taux de mortalité.

Le Japon qui a le plus fort taux de population âgée (28.4%) est particulièrement efficace dans le traitement de la pandémie sans pour autant avoir un taux de vaccination (75%) supérieur aux autres pays.

Les 11 points qui séparent le Royaume Uni de l’Irlande (pourtant dans des conditions économiques et géographiques comparables) peuvent s’expliquer par leurs densités respectives : R.U 260 ht/km², Irlande 74 ht/km².  

La surprise la plus importante vient des Emirats Arabes Unis qui affichent un des taux de mortalité les plus élevés alors que c’est le pays qui vaccine le plus sur la planète. Voir la Bulgarie au 26ème rang, est moins surprenant que de voir les Emirats au 27ème.

D’une façon plus générale, on peut raisonnablement considérer qu’avec des taux de personnes vulnérables compris entre 1 et 30% des populations de ces pays, la couverture vaccinale a largement été atteinte mais que, manifestement, les vaccins ne limitent pas les rebonds de mortalité que le virus engendre avec plus ou moins d’amplitude suivant les périodes. Il demeure un mystère : quelle est la part des vaccinés dans la mortalité ? Au regard de ces chiffres, il est difficile de croire ce que disent les autorités.           

Conclusion :

Ces résultats confirment que la vaccination n’a pas les effets escomptés sur l’immunité collective et qu’il serait bienvenu que nos dirigeants se concentrent sur les moyens mis en œuvre dans d’autres pays, même si pour cela, il faut faire preuve d’un peu d’humilité. Force est de constater que ce n’est pas la qualité première de nos « élites », qui voient dans le pass-sanitaire une solution qu’ils sont bien les seuls à comprendre. Pour l’heure, on nous dit que le vaccin évite les formes graves…serait-il devenu un médicament ?