LA CIOTAT : LFI gagne la bataille d’Espinon

Trois ans déjà. Trois années de batailles contre des services de l’Etat (Police de l’Eau) amorphes qui n’ont qu’une réponse aux déversements des eaux usées en Méditerranée : « les performances de la station d’épuration sont conformes ». Mais devant l’hypocrisie il ne faut jamais baisser les bras et taper à toutes les portes ; même à celle de la Bonne Mère.

Trois années durant lesquelles le « tractage » a été incessant pour dénoncer une supercherie résultant probablement d’ententes douteuses entre autorités locales, bureaux de contrôle,  délégataire de services publics et pire, ceux qui apportent des subventions (l’argent de l’abonné aux services de l’Eau) sans contrôler, in situ, que tout fonctionne comme prévu.  

38 journalistes ou organes de presse alertés.

3 collectivités (Mairie, Métropole et commune rattachée) informées de cette situation aberrante.

2 préfectures (13 et 83)

Le défenseur des droits

2 établissements publics (Agence de l’Eau et Office International de l’Eau)

5 associations de défense de l’environnement  

7 partis politiques

8 membres de l’Elysée

Mais personne pour prêter une attention suffisante à cette problématique complexe, certes, mais dont les photographies et vidéos produites ne pouvaient laisser aucun doute sur le caractère anormal de la situation.

Même FNE PACA qui a pourtant un œil aiguisé sur ce type de sujets, n’a pas poussé la préfecture à réaliser les contrôles in situ qui étaient pourtant nécessaires. Il est probable que l’association n’ait jamais mandaté un militant sur le site, convaincue qu’elle devait être, comme la plupart des riverains du parc des calanques, que la station d’épuration de La Ciotat rejetait des eaux incomplètement traitées depuis des décennies et que cette situation « historique » ne pouvait pas être changée.

Cette station d’épuration mise en service en mars 2006 et inaugurée en novembre est dimensionnée pour traiter les eaux usées de 95 000 habitants. Elle a coûté 18 millions d’Euros.   

A chaque parution du RPQS (Rapport sur le Prix et la Qualité du service) la même anomalie est constatée : la station d’épuration traite l’équivalent de la population INSEE raccordée (40 000 habitants) alors que tous les paramètres (tourisme et production de déchets notamment) conduisent à constater qu’il manque 20 000 habitants (soit 1/3 de la charge polluante que la Méditerranée doit épurer en lieu et place de l’exploitant). Il suffisait de comparer la charge polluante traitée par l’ancienne station en 2002, l’équivalent de près de 60 000 habitants, pour se rendre compte que la nouvelle station ne pouvait pas recevoir 1/3 de charge organique en moins près de 20 ans plus tard.   

Et à chaque parution du RPQS (tous les ans), le même signalement est transmis aux autorités en charge du contrôle mais toujours les mêmes réponses incohérentes. Le dernier date du 11 janvier 2021   et la réponse de la Préfecture de Marseille (Police de l’Eau) tente visiblement de « noyer le poisson ». Le site du ministère de l’environnement produisant la critique du mode de calcul utilisé par la Police de l’Eau, cette lettre appelait forcément une réponse circonstanciée, avec, comme il se doit, une copie transmise aux organismes concernés par les mêmes incohérences dont le mutisme est révélateur à minima, d’un certain « manque d’intérêt ».

L’avant dernière « porte », ce fut celle de la commission européenne en charge de l’environnement et la réponse de « la cheffe » est révélatrice d’un certain malaise entre la Commission et la France sur le sujet des stations d’épuration. Laissant penser qu’elle botte en touche : « la Commission ne dispose pas de pouvoir d’investigation en matière de respect du droit de l’environnement… », elle rappelle toutefois que « …la  Commission  lance  régulièrement  des  procédures  d’infraction systémiques  concernant  le  traitement  des  eaux  résiduaires  urbaines  en  France. Une procédure est ainsi actuellement en cours et se trouve au stade de l’avis motivé* (dossier 2017/2125 du 14 mai 2020 concernant une centaine d’agglomérations françaises.» faisant allusion à l’injonction que l’Europe a adressée à la France concernant plus de 300 stations d’épuration non conformes. Il y a un an la « Gazette des communes » titrait : « C’est à peine croyable ! Trente ans après l’adoption de la directive eaux résiduaires urbaines (Deru), la France est une nouvelle fois pointée du doigt comme mauvaise élève par la Commission européenne. Ainsi, 169 collectivités sont sur la sellette. Pourquoi autant de stations d’épuration sont encore jugées non conformes ? » 

*Un avis motivé annonce une très lourde amende en cas de non-conformité. 

Mais La Ciotat n’est pas dans la liste. Forcément, puisque les chiffres sont bons et que les autorités de contrôle « ferment les yeux » au passage de 3 bilans de performances par semaine (quand-même) et d’un rapport annuel qui, à minima, devrait poser questions. 

Finalement, le fond de l’impasse se profile et les solutions pour en sortir sont de moins en moins visibles.

Une dernière peut être à envisager ? La France a quelques représentants au niveau européen et il serait dommage de ne pas les interpeler sur le sujet en leur rappelant un historique plutôt fourni. Mais il faut trouver des gens combatifs qui n’aient pas de liens de copinage avec la « Mafia pacaise ». On élimine donc toute la droite (et plus loin…) bien présente dans la région.  A l’évidence, l’omerta qui a frappé le monde de la presse, celui des associations, des élus et des administrations (y compris le défenseur des droits) pendant près de 3 années (et probablement plus) où une eau couleur « latrines » se déversait à Espinon, rétrécissait le champ des possibles.

Inutile, aussi, de penser aux Ecolos. Par leur « agence régionale » ils avaient fait la démonstration de leur incompétence en termes de constat à 30 km du site (en suivant le trait de côte). Incapables de missionner un laboratoire pour prélever un échantillon. La période Printemps marseillais était –elle à l’origine de cette « prudence » ? 

Le choix se porta donc sur Manon Aubry (La France Insoumise) dont on a connu la vigueur avec laquelle elle fustigeât la Présidente de la communauté européenne au sujet des vaccins covid pour lesquels, là encore, l’omerta était de rigueur. 

Deux mails ont suffi le 1er mars et le 18 mars 2021 pour que le dossier soit redirigé le 25 vers le bureau de Manuel Bompard qui gère les questions d’environnement.  

Après un échange de courriels assez dense, une lettre à la ministre est enfin annoncée. Un envoi par mail est resté sans réponse. Un courrier papier est finalement envoyé au ministère le 25 juin 2021.

Le 15 août 2021, la fête de la Vierge bat son plein à La Ciotat avec son cortège de bateaux à baptiser. Ce jour-là, les eaux qui sortent à Espinon sont limpides. Assurément, la « Bonne Mère » a fait ce qu’il fallait.

Moralité : Il y a ceux qui parlent, ceux qui font, et ceux qui « emmerdent » les uns en faisant croire aux autres qu’il les protège.