Le matraquage médiatique sur l’antisémitisme continue. Les programmes TV ont dû être établis à la suite de l’annonce de « l’explosion » qui a fait pschitt. Les évènements d’hier « en marge de la manif » qui ont mis en cause D. Finkielkraut (dont une vidéo est présente sur ce site) doivent nous pousser un peu à la réflexion. Mais de quoi parle-t-on?
Hier soir sur la 5 – C Politique – K. Rissouli reçoit Mme Dominique Shnapper qui vient présenter son livre La Citoyenneté à l’épreuve (09/2018).
Au programme de l’émission, notamment les actes antisémites. Un reportage montre l’agression subie par Alain Finkielkraut pendant une manifestation des Gilets Jaunes à laquelle il souhaitait se joindre. Dans le reportage le commentaire indique que les protagonistes font partie d’un groupe antisioniste qui reproche au philosophe ses positions sionistes. D’ailleurs, ce dernier indique que le sioniste est un être qui a « le soucis de l’Etat d’Israel » (notion précise qui mérite d’être mémorisée).
Mme Schnapper est interrogée sur cet épisode. Elle indique que, en fait, l’antisémitisme et l’antisionisme, qui est une alternative trouvée par la gauche, « c’est pareil ».
Si l’on s’en tient au dictionnaire (que la plupart des philosophes rejettent car trop « vulgaire »), il apparaît que :
Sur Wikipédia « Le sionisme est une idéologie politique (on parle de « projet sioniste ») fondée sur un sentiment national juif prônant l’existence d’un centre territorial ou étatique, peuplé par les juifs en terre d’Israël. »
« L’antisémitisme est le nom donné de nos jours à la discrimination et à l’hostilité manifestées à l’encontre des Juifs en tant que groupe ethnique, religieux ou racial. »
Pour le Larousse c’est « une doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires »
Mais ce n’est pas si simple, certains dico associent l’antisémitisme à un fait religieux
Pour l’Internaute : « L’antisémitisme désigne une hostilité envers le peuple juif. Ce terme de religion peut prendre la forme d’une doctrine ou attitude discriminatoire, malveillante et menaçante envers les personnes de confession juive. »
Pour Médiadico : c’est un « racisme dirigé contre les Juifs »
Du coup, on ne s’y retrouve plus. La complexité vient du fait que l’on ne sait plus si le terme « Juif » désigne une race (comme la blanche, la noire, la jaune, la rouge), une religion, ou une population appartenant à un état ou les trois à la fois. En fait, c’est ce mélange qui crée la confusion.
S’il apparaît que le terme de « race » ne peut pas s’appliquer tout simplement parce qu’être Juifs peut désigner quelqu’un qui appartient à une quelconque des races citées, ne serait-ce que par son orientation religieuse, celui d’ « Etat », historiquement, ne convient pas non plus. La nationalité qui relève de l’Etat Juif est la nationalité israélienne.
Partant de ces principes, il est difficile d’attribuer le nom de Juif à autre chose qu’une religion. Il y a des Juifs comme il y a des musulmans, des catholiques… D’ailleurs, l’implantation de ce peuple dans tous les pays la planète suit la même logique que pour les autres religions.
Dans ce cas, l’antisémitisme serait un fait religieux, discriminatoire, haineux, dirigé contre le peuple Juif en raison de sa culture religieuse. La loi française réprime les paroles et les actes antisémites comme elle réprime celles et ceux dirigés contre d’autres communautés ou ethnies.
Le sionisme est quant à lui un fait politique. Alain Finkielkraut a donc tenu une position politique qui peut engendrer des oppositions pacifiques ou violentes et, à ce titre, répréhensibles. Ces oppositions sont généralement verbales, même si leur intensité peut atteindre l’insulte comme cela a été le cas dans le reportage.
Le sentiment « national » tel que l’indique Wikipédia, peut malheureusement se retrouver dans des dictatures plus ou moins impérialistes (la France avec Napoléon, l’Allemagne avec Hitler…) et certains peuvent (et ont le droit, c’est le propre du droit à l’opinion politique en démocratie) de considérer l’Etat d’Israël comme un état sioniste, notamment pour sa politique expansionniste, et se définir en fonction d’une position politique dite antisioniste. C’est leur droit.
A l’issue de ce débat, les questions qui se posent sont donc les suivantes :
1) désigne-t-on les paroles antisionistes comme des paroles antisémites pour permettre à la loi française contre l’antisémitisme de s’appliquer ?
2) Mme Shnapper crée-t-elle une équivalence entre l’antisémitisme et l’antisionisme pour les mêmes raisons ?
3) Dans l’histoire du monde, et aujourd’hui encore, les guerres de religions ou ethniques sont légions. Les volontés d’éradiquer des peuples en fonction de leur race, appartenance à des groupes, ne sont plus à compter. Pourtant aucun terme si non celui de racisme ou génocide ne défini ces agressions. Quelle est donc ce mécanisme qui a mis en place « antisémitisme » pour décrire les agressions subies par le peuple Juif ? Pour quelle raison ne retrouve-t-on pas de terme équivalent pour des discriminations du type « antiprotestants, anti-mormons …. » . Les agressions ou les génocides (Rwanda, Amériques -indiens, aztèques- , Cambodge…) sont-ils si différents de ceux subis par le peuple Juif pour que l’on n’ait pas cru bon de les caractériser de façon plus spécifique ? Les autres peuples discriminés ne méritent-ils pas la même « attention »? La réponse à cette question apportera peut-être une réponse aux deux précédentes.
Une chose est certaine, dans ce contexte : encourager le mélange des genres (politique et religieux) est probablement la raison pour laquelle la France (et probablement d’autres pays), ne parvient pas à endiguer ce phénomène malsain.
Ce matin, la presse rappelle les évènements de la veille et un grand nombre d’intervenants s’insurgent contre les propos tenus par un groupe de personnes à l’encontre d’Alain Finkielkraut. BFM indique que certains élus réfléchissent à une loi contre les insultes antisionistes. Démarche bien française qui consiste à régler tous les problèmes par des lois. Celle-là, n’a aucune chance d’aboutir, tout simplement parce que cela remettrait en cause la liberté d’opinion et que le Conseil Constitutionnel s’y opposerait. D’ailleurs, Sylvain Maillard, en charge de ce projet le sait très bien. Il se plie à la consigne: « il faut bien montrer qu’on fait quelques choses?! » Et quand on ne sait pas quoi faire, on fait une loi ou on crée une commission, c’est bien connu. Passera, passera pas, on en a rien à faire. Ce qui compte c’est de laisser pourrir.
Avec un peu de recul, et, au vu des statistiques sur les actes antisémites qui ne révèlent pas « l’explosion » annoncée par nos gouvernants largement relayée par les médias, on peut se demander si ce « peuple Juif » n’est pas, une fois de plus, utilisé par le pouvoir en place pour tenter de gérer un autre problème politique profond. Le plus déconcertant, c’est que ce même peuple Juif (à part M. Finkielkraut, qui semble l’avoir compris) se réfugie dans une attitude défensive qui occulte cette manipulation. Qu’est-ce qu’elle est efficace la « soupape » antisémitisme! A tous les coups ça marche.
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